Chronique publiée le 18 mars 2024 dans la Tribune de Genève.
Ce sont 10 milliards de francs supplémentaires de primes par an que va coûter la révision de la loi sur l’assurance maladie, intitulée EFAS (financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires) et votée par le parlement fédéral le 22 décembre 2023. Le lobby des assureurs a convaincu une majorité d’élus que, pour mettre un terme à la hausse des primes, il fallait leur donner le pouvoir et le financement pour l’ensemble des soins.
Avec EFAS, les cantons devront remettre à une fondation de caisses maladie un montant équivalent à 11 milliards de francs par an. C’est une arnaque, parce que les caisses sont une partie du problème du système de santé, à cause de leur opacité, de leurs frais de fonctionnement et de leurs conflits d’intérêts permanents. Les caisses sont en effet chargées de l’assurance de base tout en étant à la recherche de clients pour leurs lucratives assurances complémentaires.
EFAS est aussi, et surtout, un transfert de responsabilité et de financement des cantons vers les caisses maladie et vers les assurés, qui paient des primes. Pour rappel, les primes sont payées indépendamment du revenu et de la fortune. Une salariée du commerce de détail, avec son salaire correspondant au minimum à Genève, paie la même prime que Christoph Blocher, au 10e rang des plus grandes fortunes de Suisse.
Avec EFAS, la part du financement par l’intermédiaire des cantons va diminuer de plus de la moitié pour les soins hospitaliers et d’environ la moitié pour les soins en EMS et les soins à domicile (en moyenne nationale). Or, le besoin de financement des soins de longue durée va croître avec la démographie et l’augmentation de l’espérance de vie. Ce sont les assurés et les patients qui vont supporter la différence. Selon une étude de SantéSuisse, la principale faîtière des caisses maladie, les primes vont augmenter à cause d’EFAS de 4,9 milliards de francs par an en 2035 et de 9,6 milliards à partir de 2040. De même, EFAS va entraîner une hausse de la participation directe des patients aux soins.
EFAS va également soumettre complètement les EMS et les soins à domicile au pouvoir des caisses maladie et à la logique technocratique qui sévit dans les hôpitaux. C’est la catastrophe assurée pour les aînés (nous le serons toutes et tous un jour) et pour les soignants.
Voulons-nous donner aux caisses maladie 11 milliards de nos impôts en plus de 35 milliards de primes? Voulons-nous payer encore plus cher nos primes d’assurance maladie à l’avenir? Voulons-nous livrer notre système de santé publique, les conditions de travail et la qualité des soins aux assureurs? Ce sont les questions que pose le référendum lancé contre EFAS par le personnel de santé organisé au sein du Syndicat des services publics (SSP-VPOD), avec le soutien de l’Union syndicale suisse. Il reste quelques semaines pour le faire aboutir. Chaque signature compte! Des feuilles de signatures peuvent être commandées ou téléchargées sur le site internet https://stop-efas.ch/fr/