RÉFÉRENDUM CONTRE EFAS.
Le référendum porté par le SSP contre le pouvoir des assureurs-maladie a souligné le besoin urgent d’un changement en profondeur de notre système de santé. Les deux collectifs locaux ne s’y sont pas trompés et ont très vite pris contact avec le SSP, tout en soutenant notre référendum.
Organiser les collectifs en une plateforme nationale s’inscrit pleinement dans le mandat confié au syndicat lors du Congrès du SSP de novembre 2023 qui a adopté une résolution pour proposer «à l’USS de lancer au plus vite une initiative populaire instituant une caisse unique publique pour l’assurance obligatoire des soins avec des primes/cotisations en fonction de la capacité économique des assuré-e-s».
Les autorités fédérales dirigent le système d’assurance-maladie vers le «modèle» américain. Elles attaquent la solidarité entre jeunes et personnes âgées (projet porté par Philippe Nantermod), elles ont la volonté de généraliser le Managed Care (massivement refusé en votation en 2012) et viennent de décider d’augmenter la franchise minimale et de permettre des entorses à l’obligation de contracter. Si nous ne faisons rien, nous nous trouverons dans moins d’une décennie avec une assurance low cost garantissant des prestations au rabais entièrement pilotée par des assureurs privés.
Il est urgent de passer à l’offensive pour tenter d’empêcher ce qui serait un recul social majeur susceptible de bafouer la plus élémentaire dignité humaine, celle de pouvoir être soigné-e, que l’on soit riche ou pauvre.
RICHESSE DES DÉBATS.
Le SSP et les deux comités locaux ont pris l’initiative de convoquer une première réunion intercantonale à Berne le samedi 12 avril dernier. Cette séance a également réuni le Mouvement populaire des familles (MPF). Cet engagement est particulièrement significatif. Le MPF est en effet à l’origine de l’initiative populaire «Pour une caisse maladie unique et sociale» qui demandait une caisse unique, avec une gouvernance intégrant les pouvoirs publics, les prestataires de soins et les assuré-e-s et un financement basé sur la capacité économique. Étaient également présent-e-s les «Engagés pour la santé», des membres de partis politiques (du Parti socialiste, du PS 60+, du Parti du travail, de solidaritéS, du Mouvement pour le socialisme ainsi qu’un représentant du Centre) et l’association Avenir social.
Les débats ont été riches et ont notamment abordé l’absence de loi sur la santé qui permettrait à la Confédération de mener une véritable politique de la santé. La situation actuelle ne fonctionne pas.
Les cantons ne peuvent de facto agir que comme de simples organes d’exécution de la LAMal, sans possibilité de peser sur le pilotage du système qui est principalement en mains des assureurs privés. Les participant-e-s ont discuté des énormes défaillances du système actuel qui a été dénoncé: absence d’une politique de prévention, exclusion des soins dentaires de l’assurance de base, Parlement fédéral colonisé par les représentant-e-s des caisses, etc. Il a de même été question des conditions de travail que cette logique impose aux personnels de santé et aux prestataires, ainsi que de l’enjeu crucial du changement climatique sur la santé de la population.
Ces composantes ont décidé de poursuivre leur activité en commun en prenant le nom de «Coalition pour une véritable politique de santé». Cette coalition s’est fixé pour objectif de tenter de construire un mouvement partant de la société civile afin d’assurer une assise sociale la plus large possible aux solutions et principes qu’elle défend.
LIGNES DIRECTRICES.
Face aux défis de sortir du financement par tête, de reprendre le pouvoir de décision donné aux caisses-maladie, de stopper les tendances au renoncement aux soins et au développement d’une médecine à deux vitesses, il s’agit de dessiner un projet alternatif sur la base de quelques principes essentiels. Parmi ceux-ci, la coalition a retenu: la nature publique du système de santé qui s’impose pour mettre fin à l’absurdité (et source importante de gaspillage) de la concurrence entre les caisses, mais aussi et surtout pour que le cœur du système de santé soit de répondre aux besoins sociaux et sanitaires de la population. Cela implique de renforcer le service public et de stopper la concurrence déloyale entre hôpital public et cliniques privées inscrite désormais au cœur de la LAMal. Afin d’éviter le spectre d’une «étatisation de la santé» et de garantir un contrôle démocratique, le pilotage doit impliquer les prestataires de soins, les personnels de santé et les assuré-e-s. La charge des primes doit impérativement être allégée pour la majorité de la population et une couverture universelle des soins doit être garantie pour lutter à la fois contre le rationnement et le renoncement aux soins. La question de la prévention doit être intégrée aux réflexions, tout comme celle des conditions de travail pour le personnel de santé, qui représente une condition sine qua non pour des soins de qualité.
Fort-e-s de ces éléments de base, les participant-e-s à la réunion du 12 avril poursuivront leur travail pour élargir le réseau constitué et s’enraciner dans la population et les professionnel-le-s de santé.
Christian Dandrès
Article publié en mai 2025 dans le journal du SSP Services publics.