(Article à paraître dans le prochain numéro de Services publics)
Le tout-ménage de l’UDC est arrivé dans les boîtes aux lettres et laisse une impression de malaise. L’UDC fait campagne sur un ton de défense des travailleur-euse-s et de l’emploi.
Le mouvement des salarié-e-s a déjà eu à faire avec les patriotes à la Martullo Blocher.
L’UDC a combattu toute avancée en matière de protection des salarié-e-s et de l’emploi. Rappelons-nous également de la manière dont le financier Martin Ebner et son compère multimilliardaire Christoph Blocher ont protégé l’emploi en Suisse, notamment en liquidant des centaines de places de travail en Valais, par des manœuvres spéculatives à Alusuisse.
L’UDC a combattu les mesures dites « d’accompagnement » à la libre-circulation des personnes, au nom de la « souplesse » du droit du travail et de la « liberté contractuelle ». Dans sa prise de position sur l’extension de la libre-circulation des personnes aux pays de l’ancien bloc de l’Est, l’UDC mentionnait l’avantage que représente pour le patronat ce bassin de recrutement : « Tout en posant une série de problèmes, la libre circulation des personnes apporte cependant au marché suisse du travail une plus grande souplesse. La Suisse doit tout faire pour exploiter cet avantage et ne pas l’annihiler par de nouvelles restrictions qui suppriment la libre concurrence. »
L’UDC s’est également opposée au renforcement de la protection en cas de licenciements collectifs. Lors du débat au Conseil national Sebastian Frehner, l’un de ses élu-e-s, a été clair sur le programme de son parti en matière de protection des travailleur-euse-s : « Cependant, l’UDC reste opposée à une obligation de plan social pour les moyennes et grandes entreprises pour des raisons beaucoup plus fondamentales. L’introduction d’une obligation de plan social serait le début de la fin du droit du travail libéral en Suisse et donc la fin de la liberté de licenciement. »
Alors, pourquoi un malaise à gauche sur le sens de cette campagne contre le projet néolibéral de l’UDC ?
Le mouvement syndical ne s’est pas engagé contre l’initiative de l’UDC avec des revendications syndicales, et fait dangereusement écho au discours patronal. Alors que la Suisse plonge dans une crise économique et sociale de grande ampleur, ce choix est inquiétant.
Le plus grand syndicat du pays a choisi le slogan « Salaire, droits, travail : tout perdre ? ». Comme si les salarié-e-s avaient beaucoup gagné ces dernières années, alors que leurs positions ont été fortement mises à mal.
Le nécessaire Non à l’initiative xénophobe et anti-salarié-e-s de l’UDC doit être posé de pair avec la revendication d’une meilleure protection contre les licenciements – qui est à la base de la capacité des travailleur-euse-s à se mobiliser et à se défendre, particulièrement cruciale en ces temps de crise. Le Non à l’UDC doit être aussi un Oui au renforcement des droits des salarié-e-s face aux patrons ! Or les syndicats et partis politiques de gauche ne l’abordent pas clairement durant cette campagne.
Ce n’est pas tout. Par le vocabulaire utilisé, les grandes centrales syndicales ont emboîté le pas au champ lexical de la droite et du patronat traditionnel, fait de chauvinisme et d’une teinte – de plus en plus importante – de xénophobie.
Alors que le système d’exploitation a gagné l’ensemble de la planète, c’est au contraire un véritable internationalisme que nous devons reconstruire. Pour lutter contre « la libre concurrence » – entre salarié-e-s, s’entend – prônée par l’UDC et les patrons qu’elle représente, il s’agit d’unir l’ensemble du salariat autour d’un projet d’émancipation et d’une politique de défense des opprimé-e-s.
C’est ainsi que nous résisterons au mieux aux attaques en cours et à venir, à commencer par la contre-réforme de l’AVS et de la Loi sur l’assurance-maladie, en discussion aux Chambres fédérales.