(Texte publié dans la Tribune de Genève du 22 février 2021.)
Le Parlement fédéral examine le projet de contre-réforme du Conseil fédéral sur le Ier Pilier (AVS21). La droite veut augmenter l’âge de la retraite des femmes et réduire encore davantage les compensations prévues par AVS21. Les assurées seront donc contraintes de travailler un an de plus pour des rentes plus basses. C’est ainsi que la droite, s’appuyant, de facto, sur le Conseil fédéral, répond à la grève des femmes.
AVS21 ainsi péjorée creusera encore davantage les inégalités sociales, en discriminant aussi les jeunes et la majorité des salarié.e.s.
Les retraites sont déjà insuffisantes : 337 000 personnes reçoivent des prestations complémentaires pour vivre. AVS21 aggravera la situation et mettra à mal la seule assurance véritablement sociale en Suisse.
AVS 21 lèse aussi les jeunes, qui paient aujourd’hui pour les aînés afin que, lorsqu’ils seront à la retraite, les jeunes de demain paient pour eux. AVS 21 brise cette chaîne de solidarité, alors que la majorité dépend et dépendra de l’AVS pour l’essentiel de la retraite.
Si les assurés vont perdre, les employeurs sont avantagés. La contre-réforme repose entièrement sur le dos des assurés. Même la hausse de la TVA frappera surtout les personnes dont les retraites seront réduites, puisqu’il s’agit d’un impôt antisocial sur la consommation des ménages à petits revenus, sans possibilité d’investir à la bourse ni d’épargner dans le fallacieux IIIe pilier.
Le Conseil fédéral prétend que les plus riches finiront par payer la TVA, puisqu’ils utiliseront leur épargne à la retraite. C’est faux : une part croissante de la richesse produite est accumulée sous forme de capital peu ou pas soumis à l’impôt. Sans parler de la charge énorme des EMS pour les retraité.e.s dit.e.s modestes.
AVS 21 profitera aux assureurs et aux banques qui vendront du IIIe pilier à une minorité de salariés et aux indépendants les plus riches, ainsi qu’aux patrons qui n’auront pas à payer pour maintenir un niveau minimal de retraite pour leurs employés.
La part des employeurs dans le financement des assurances sociales ne doit pas être réduite. Une hausse de 0,9% de cotisation suffirait à passer le cap. En répartissant de manière paritaire cette cotisation supplémentaire, les rentes pourraient être maintenues. Pour une personne qui gagne le salaire médian genevois (homme : 7’465 ; femme: 7’067.), c’est moins de 35 frs par mois pour les assuré.e.s.
Au lieu de ça, le Conseil fédéral veut contraindre tous les salarié.e.s à travailler jusqu’à 70 ans ! Quel mépris de la droite et du patronat, qui ont bien voulu d’une cotisation à l’AVS augmentée de 0,3% (payée paritairement) pour faire passer la pilule de RFFA (cadeau fiscal aux entreprises), mais qui refusent toute hausse pour garantir les rentes.
Il faut rejeter toute solution qui exempte les privilégié.e.s du financement supplémentaire de l’AVS exigé par l’augmentation bienvenue de la longévité. N’oublions pas qu’aujourd’hui ce sont les plus riches qui anticipent leur retraite, alors qu’ils vivent plus longtemps.