Pas une seule voix aux candidats hostiles aux intérêts de la majorité de la population

23 Mar 2021

@ Niels Ackermann

(Texte paru dans la newsletter du Parti socialiste genevois.)

Avec l’élection au Conseil d’Etat se pose la question de la politique à mener d’ici à la fin de la législature. Le gouvernement cantonal devra gérer la suite de la pandémie – d’autres vagues de COVID-19 sont à craindre – ainsi que la crise économique et sociale qui en résulte. Cette crise est un catalyseur des discriminations et de la précarité qui mine la Suisse et Genève, malgré la grande richesse accumulée. Les contre-réformes des assurances sociales, les restrictions budgétaires et les transferts de charges de le Confédération vers les cantons n’ont pas permis de répondre aux besoins sociaux e. De même, l’idéologie patronale et néo-libérale qui dicte les politiques menées à Berne et par la droite genevoise empêche de résoudre la crise du logement et d’alléger le fardeau des primes archaïques d’assurance-maladie par tête.

La pauvreté augmente. Les secteurs économiques où les conditions d’emplois sont les plus précaires sont précisément ceux les plus touchés par la crise du COVID-19 et les mesures sanitaires : hôtellerie, restauration, économie domestiques, etc. De nombreux.euses travailleur.euses ne peuvent pas bénéficier des RHT et des autres aides pour lutter contre les effets de la crise. Les politiques d’uberisation du marché du travail, avec la promotion de l’« auto-entrepreneuriat » montrent ici leur vrai visage. L’Office fédéral de la statistique constate que la pauvreté absolue est réapparue en Suisse.

Les besoins de la population ne sont pas satisfaits, en particulier dans le domaine des soins et de l’éducation. Le système social doit également être renforcé, de même que le soutien aux chômeurs. Le service public doit donc être étendu pour y répondre.

Les entreprises doivent continuer à être aidées. Ce soutien doit être conditionné à des contreparties sociales et environnementales. Le Groupe socialiste aux chambres fédérales a ainsi proposé qu’en sus de l’interdiction de versement de dividendes, les entreprises aidées s’engagent à préserver les postes de travail et à respecter des normes environnementales. Il a également proposé l’extension de l’obligation de négocier des plans sociaux pour les PME.

Cette politique nécessite des moyens financiers, alors que les recettes fiscales sont impactées par les effets de la dernière réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA) et la crise économique. Dans l’immédiat, les mécanismes d’assainissement budgétaires doivent donc être suspendus. Mais le recours à l’endettement n’est pas la seule solution puisque, sans recettes supplémentaires, la droite essaiera de faire supporter  par les salarié.es, les futur.es salarié.es et les retraité.es, par l’impôt, des coupes dans le service public et dans les pensions, (salaire indirect), notamment en augmentant l’âge de la retraite des femmes (AVS 21).

Comme l’a fait Macron en France, le canton doit augmenter la part de l’imposition immobilière, que les propriétaires ne peuvent pas répercuter sur les locataires. Les grands propriétaires immobiliers continuent à faire des grands profits, les fonds immobiliers cartonnent en Bourse, les loyers et les prix de vente continuent d’augmenter. Les bénéfices de la Banque nationale doivent aussi être utilisés. Ils se sont élevés à plus de 20 milliards en 2020. Son bilan frôle les 1000 milliards de francs. Cet argent appartient à la population et doit servir à répondre aux besoins de cette dernière, non aux dogmes de la soi-disant élite financière.

La défense élémentaire des besoins de la population se heurte au patronat, qui cherche à rétablir ses profits en attaquant les conditions de travail et les salaires, ainsi que tout mécanisme de solidarité. Les licenciements et/ou les baisses de salaire chez Swissport et  AVS 21 montrent ce qui nous attend. 

Laisser la droite conserver sa majorité au Gouvernement cantonal, c’est assurer au patronat de pouvoir compter sur des relais sérieux. Delphine Bachmann présentait ses objectifs en cas de victoire, dans le Temps de vendredi : « Il est nécessaire de repenser le périmètre de l’Etat et de remettre le principe de subsidiarité au cœur de nos politiques publiques ». C’est la ligne de toujours de la Chambre de commerce et d’industrie (CCIG) qui appelle à voter Pierre Maudet. Ce dernier a su manœuvrer habilement durant la crise sanitaire et mettre en place des mesures de soutien aux locataires commerciaux notamment. Si cette action a profité à de nombreux petit.es commerçant.es et indépendant.es (de même qu’à de nombreux bailleurs), elle ne saurait tromper sur la nature de l’action politique menée par Pierre Maudet. Ce dernier a toujours bien servi les intérêts des employeurs et des actionnaires. A titre d’exemple, il a privatisé le convoyage des détenu.es au bénéfice de Securitas. Il a également joué un rôle déterminant pour la fin de la grève à Gate Gourmet, et laissé sur le carreau les grévistes qui avaient cru en ses promesses. Quant à Yves Nidegger, il suffit de noter son indignation, dans le Temps du 17 mars, de ne pas bénéficier du soutien de la CCIG. Il rappelait que l’UDC est le seul parti à défendre une « politique de droite lisible ».

Il ne faut donc pas qu’une seule voix aille à ces candidats hostiles aux intérêts de la majorité de la population. Il faut engager une action politique en faveur des jeunes, des salarié.es, des retraité.es, des assuré.es et des locataires, en commençant  par le retrait du projet de loi de réduction de l’impôt sur la fortune, que la droite cherche à imposer en pleine crise sociales et des recettes fiscales. Le 28 mars ne laissons pas la droite imposer leur magistrat.e et poser les bases pour poursuivre une politique de casse sociale.