Non à un rationnement des soins

28 May 2022

Les primes d’assurance-maladie pourraient augmenter fortement en 2023. Les soins et les interventions chirurgicales non-urgentes, reportées du fait du Covid, ont été réalisés depuis lors et augmentent la facture.

La droite et les autorités fédérales proposent comme « solution » le rationnement des soins et la péjoration des conditions de travail des soignants. Le Centre (ex. PDC) a lancé une initiative populaire en faveur d’un moratoire sur la satisfaction des besoins en matière de santé. Il reprend le modèle de l’initiative des jeunes libéraux radicaux concernant l’AVS, que ces organisations avaient aussi tenté d’imposer sans succès au service public dont la santé et l’éduction (Personal Stop).

Tous ces prétendues « remèdes » font croire que le gaspillage règne dans le système de santé, que les patients et les soignants abusent en allant trop souvent chez le médecin et en prescrivant des actes et des médicaments inutiles. Le slogan de la lutte contre les abus aux assurances sociales a déjà servi pour l’assurance-invalidité et de l’assurance-chômage. Résultat : il est devenu quasiment impossible d’obtenir le soutien d’une rente AI et les chômeurs sont matraqués par les pénalités. Cette politique engendre souffrance et précarité.

Le Conseil fédéral et la droite ne s’attaquent en revanche pas à trois facteurs qui pèsent sur le montant des primes. Tout d’abord, le fait que les entreprises ne paient rien pour l’assurance-maladie, alors que de mauvaises conditions de travail entraînent souvent la nécessité pour les salariés de se soigner. Les primes sont en plus imputées aux assurés sans considération de leur capacité financière. Tel n’est pas le cas de l’AVS par exemple. Dès lors, même si les dépenses de santé sont en Suisse dans la moyenne des pays européens (11,3% du PIB), la charge sur les ménages est plus importante qu’ailleurs en Europe. Il y a également le fait que le système supporte financièrement depuis dix ans les soins réalisés par les cliniques privées qui, auparavant étaient pris en charge par les assurances privées. Les deux principaux groupes de cliniques sont cotées en bourses et réalisent d’importants bénéfices sur le dos de l’assurance-maladie, contrairement aux hôpitaux de service public. Il y a enfin l’industrie pharmaceutique et les prix extrêmement élevés de certains médicaments comme les anti-cancéreux. Les pharmas peuvent imposer leurs prix, vu leur taille et leur concentration, en tirant profits des recherches souvent financées par des fonds publics.

Le modèle prôné par le Conseil fédéral et le Centre manque donc – volontairement – la cible mais renforcerait la ségrégation par l’argent et le démantèlement des conditions de travail des soignants. Il est à l’opposé de la volonté de la population manifestée lors du scrutin où l’initiative sur les soins infirmiers a été accepté à une très large majorité (61% de OUI).

(Article publié dans le journal de l’AVIVO.)