Il y a cinq ans les votant.e.s refusaient d’augmenter l’âge de la retraite des femmes et de péjorer les rentes du 2e pilier, en rejetant le paquet Prévoyance 2020. Au lieu d’y voir la volonté de la population de garantir des retraites dignes et de corriger les conséquences des discriminations faites aux femmes, la droite et le Conseil fédéral sont repartis en selle, en considérant qu’il serait plus facile de dégager des majorités en scindant leurs attaques en deux projets.
C’est là l’origine d’AVS 21 et LPP 21.
AVS 21 a été adoptée en votation populaire par une faible majorité. Les hommes, surtout ceux aux revenus élevés, ont fait pencher la balance. LPP 21 est toujours en cours de discussion.
La droite a rongé son frein jusqu’au scrutin du 25 septembre pour éviter d’effrayer la population. AVS 21 acceptée, elle peut désormais lâcher la bride à ses attaques sur les autres mécanismes sociaux du système de retraite. Elle l’a fait en commission parlementaire il y a quelques jours, en réduisant encore la portée des quelques mesures de compensation proposées pour les personnes qui prendront leur retraite peu après l’entrée en vigueur de cette contre-réforme.
Le 2e pilier a été accepté grâce à la promesse – aujourd’hui bafouée – de garantir une retraite correspondant, avec l’AVS, à 60% au moins du revenu d’activité. La position de la droite se résume à favoriser un peu plus encore les intérêts des assurances, des banques, des gestionnaires de fortune et des nombreux autres intermédiaires qui profitent de la prévoyance professionnelle. Plus de la moitié des assuré.e.s au 2ème pilier le sont, pour le risque invalidité et décès, auprès d’assurances privées, et un quart environ également pour l’épargne. La LPP est très lucrative pour les assureurs, qui se réservent la part du lion grâce à l’ordonnance scandaleuse de l’ancien Conseiller fédéral MERZ, précédemment membre du Conseil d’administration d’Helvetia Vie. Cette ordonnance a permis, pour la seule AXA de soustraire aux assuré.e.s 2,5 milliards de francs pour les années 2007 à 2021[1] !
Une seule réponse s’impose dans l’immédiat : renforcer l’AVS, notamment avec l’initiative syndicale en faveur de la 13ème rente, et se préparer à lancer le référendum contre LPP 21.
Paru dans Postcriptum, le journal du Parti socialiste genevois, novembre 2022
[1] Motion 21.4572 in www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20214572