La campagne des élections fédérales du 22 octobre a débuté. Les partis majoritaires à Berne sont au diapason pour approfondir leur politique néo-conservatrice: allongement du temps de travail (incluant le relèvement de l’âge de la retraite) et soumission des ressources essentielles à la population comme se loger ou se soigner au contrôle des actionnaires et de la finance.
Aujourd’hui, 45% de l’inflation est causée par l’augmentation du profit des entreprises, tandis que les salaires réels baissent (-1,9% en 2022). C’est une redistribution des revenus du travail vers les actionnaires.
Les salarié.es, les locataires et les assuré·es sont sous pression. La politique de démantèlement des droits et des acquis sociaux repose sur la peur: du chômage, de perdre son logement, de ne pas avoir de retraite ; et sur la mise en concurrence des salarié·es et des locataires. Avant la votation sur AVS 21, la droite et les associations patronales ont aussi joué l’opposition entre jeunes et retraité·es.
Cette stratégie peut compter sur un bagage idéologique qui disqualifie le fait de ne pas avoir assez d’argent, de toucher des prestations complémentaires, d’être au chômage ou à l’Hospice général, de vivre dans un logement social. Cette idéologique présente les classes populaires comme «feignant·es», «inutiles» en tous les cas «surnuméraires». L’USAM – association patronale proche de l’UDC – veut faire croire que la société se divise en deux catégories: les fonctionnaires et les entrepreneurs, les premiers vivant aux crochets des seconds. Le mythe de l’entrepreneur sert à justifier moralement les attaques sur les conditions de vie et de travail.
Le concept a ses déclinaisons avec l’ «auto-entrepreneuriat». L’auto-entrepreneur, c’est celui qui a perdu son emploi ou qui ne parvient pas à en trouver et qui est contraint·e de se mettre à son compte, souvent en utilisant son 2e pilier (combien d’entre eux ont ainsi perdu leur retraite). Les employeurs peuvent ainsi obtenir le travail de ces «auto-entrepreneurs» en ne les payant que lorsqu’il y a du travail et en n’ayant pas à les assurer (retraite, accident, chômage, etc.). L’auto-entrepreneur supporte les frais et le risque économique du véritable patron qui l’engage. La multinationale Uber – 91 milliards de dollars de capitalisation – repose sur le modèle d’auto-entrepreneuriat.
Ken Loach illustre ce système et sa logique avec son film Sorry we missed you. Dans un ouvrage posthume Portrait du pauvre en habit de vaurien (Syllepse 2023), l’économiste Michel Husson montre comment s’est construite l’idéologique qui fait de la victime le coupable. Une lecture utile en cette période de campagne électorale.
En mars, nous voterons sur LPP 21 et l’initiative des syndicats pour une 13ème rente AVS. Nous avons perdu de peu la votation contre AVS 21. Le résultat à Genève (62,76% de NON) montre l’utilité de notre campagne. L’AVIVO s’engage contre LPP 21 et organise avec le Mouvement populaire des familles (MPF) un cycle de formation et de débat, les midis de 12h30 à 13h45 à l’Espace de quartier des Pâquis, rue Amat 6 à Genève.
La prochaine date est le 3 octobre et sera animée par Christian Dandrès, sur le thème du 2e pilier et les loyers.
Les milieux immobiliers attaquent la protection contre les loyers abusifs au prétexte de sauver les retraites. Nous verrons comment s’opposer à ce discours.
Article publié en septembre dans le journal de l’AVIVO Genève.