Présentation de ma candidature à la présidence du SSP

23 Nov 2023

Ma candidature s’inscrit dans une démarche collective visant à construire le syndicat dans les services et les entreprises, autour d’équipes militantes de terrain. La réussite de ce projet est indispensable à la survie du SSP comme instrument d’organisation, de revendication et d’émancipation des salarié-e-s.

Le SSP défend le personnel du service public. Aujourd’hui, ce dernier est confronté à une politique d’austérité. À part dans quelques cantons, les ripostes collectives restent maigres. Par où commencer pour réinsuffler des résistances et des victoires syndicales?

Résister nécessite d’abord de s’opposer au discours dominant qui rend invisible l’exploitation, les discriminations et la pauvreté. Or les rapports de classe existent en Suisse et une guerre sociale est en cours. Elle se manifeste en particulier avec les attaques contre les retraites, la protection des locataires et les salaires minimaux cantonaux.

Il faut aussi lever le voile sur la précarisation qui touche les travailleurs-euses du secteur public ou parapublic comme dans les soins, la petite enfance et le secteur social.

Résister et obtenir des victoires dépend d’abord de la volonté des salarié-e-s de se mettre en mouvement et en lutte. La priorité doit donc être de soutenir les équipes de terrain dans les services et les entreprises. Construire des groupes syndicaux demande un travail de conviction, de confiance et de respect. Les salarié-e-s ne peuvent faire confiance à un collectif syndical que si ce dernier travaille de manière transparente, démocratique et dans l’intérêt des collègues. C’est en procédant ainsi que nous pourrons faire de notre syndicat un vrai pôle d’organisation collective des salarié-e-s.

Ce projet n’est possible que si celles et ceux qui s’engagent et se mobilisent sont correctement protégé.es. Ce n’est pas le cas aujourd’hui puisque l’employeur peut licencier sans réintégration possible. Les juges fédéraux ont également vidé de son contenu le droit de grève dans le cadre de l’affaire du rachat de l’Hôpital de La Providence (NE) par le 2e groupe de cliniques privées du pays, Swiss Medical Network (SMN, ex Genolier)). De même, les syndicalistes sont régulièrement visé.es par des plaintes pénales et des interventions policières.

La protection du droit de grève et des délégué-e-s syndicaux-ales doit être le cœur de nos revendications. Le SSP doit commencer par rendre visibles les licenciements antisyndicaux, comme l’Union syndicale suisse (USS) l’avait fait avant le dépôt de la plainte à l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2003. Il doit surtout revendiquer la mise en œuvre de la recommandation de l’OIT qui demandait à la Suisse de « prévoir le même type de protection pour les représentants syndicaux victimes de licenciements antisyndicaux que pour ceux victimes de licenciements violant le principe d’égalité de traitement entre hommes et femmes, y compris la possibilité d’une réintégration ».

Pour atteindre ces objectifs, des convergences sont indispensables. Dans le secteur de la santé comme dans l’éducation, il est possible de créer des solidarités entre les usager-ère-s et le salarié.es. Garantir de bonnes conditions de travail permet de préserver la santé et la vie des patient-e-s. Conditions de travail des salarié.es du secteur public et qualité des prestations à la population sont les deux faces d’une même pièce.

Cette alliance est tout particulièrement nécessaire pour remettre en cause le système de financement hospitalier, en vigueur depuis 2012 qui met les hôpitaux de service public en concurrence avec les cliniques privées. Ces dernières, concentrées dans le duopole coté en bourse Hirslanden-Genolier, qui dégage des bénéfices grâce à cette sous-enchère et en accaparant les domaines lucratifs. Le secteur public est en revanche sous-doté. Ce système fait des salarié.es et de leurs conditions de travail de simples « variables d’ajustement » économiques avec pour conséquences : licenciements de 400 personnes à l’hôpital de Saint-Gall, affaiblissement de la CCT de secteur à Neuchâtel, recours en masse au statut d’intérimaire ou à la sous-traitance, etc. Cette sous-enchère se fait aussi aux frais des assuré-e-s et des budgets des cantons. Remettre en cause cette logique est la condition sine qua non de la défense d’un système de soins accessible, démocratique et de qualité.

Au-delà du service public, le SSP-VPOD doit s’engager dans plusieurs batailles politico-syndicales fondamentales contre LPP 21, contre l’initiative des jeunes libéraux-radicaux visant à élever l’âge de la retraite, contre la nouvelle contre-réforme de l’AVS annoncée par le Conseil fédéral pour 2026, mais aussi dès mars pour renforcer l’AVS (initiative 13e rente).

Le SSP est majoritairement composé de femmes. Il intervient dans des secteurs où les discriminations fondées sur le genre sont structurelles. Ses syndicalistes et militant-e-s ont donc joué un rôle important dans l’organisation de la Grève féministe. Les mobilisations historiques de 2019 et de 2023 peuvent servir de base à la construction de collectifs syndicaux dans les services et les entreprises. Dans cette perspective, l’investissement dans la construction de la Grève féministe est décisif.

Enfin, le SSP doit s’engager en faveur de la solidarité internationale qui a toujours été au cœur du mouvement ouvrier. Participer à des campagnes pour populariser des luttes menées à l’étranger, ou pour la libération de prisonnier-ère-s peut sauver des vies. La Suisse est le siège de sociétés qui jouent un rôle dans des conflits sociaux à l’étranger, ou de banques qui gèrent les avoirs de régimes qui piétinent les droits humains. Durant le Printemps arabe, des syndicalistes tunisien-ne-s ont par exemple fait bloquer les avoirs du dictateur Ben Ali en Suisse. Les syndicats suisses ont les contacts et la logistique pour appuyer ces demandes, mais aussi pour lever des fonds pour soutenir des grévistes à l’étranger. Les échanges avec des militant-e-s syndicaux-ales actif-ive-s dans d’autres pays permettent en parallèle d’inscrire nos combats dans une perspective d’émancipation sociale et politique plus large.


Eléments biographiques

Je suis né en Valais (1981), d’un père garagiste et d’une mère infirmière. Je vis à Genève depuis mes études durant lesquelles j’ai adhéré au SSP. J’ai ensuite pu faire de mon engagement syndical et militant mon métier, en travaillant à l’ASLOCA et dans l’étude des avocats qui y collaborent.

L’ASLOCA Genève est une organisation de masse (30’000 membres), présente sur le terrain, avec 40 associations membres que je participe à animer. Elle lance régulièrement des initiatives populaires (j’en ai corédigé plusieurs) et des référendums.

L’étude d’avocats est un outil de défense des salarié.es et des assuré.es. Elle assiste les syndicats depuis une vingtaine d’année. Dans ce cadre, j’assume un mandat pour la défense collective des membres du SSP pour la Suisse romande. J’ai ainsi pu accompagner des salarié.es dans de nombreuses mobilisations: grève à Merck Serono après le licenciement de 1250 personnes; grèves et mobilisations de la fonction publique à Genève et à l’aéroport; grève à l’Hôpital de La Providence (NE), suivie des procédures à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH); lutte à Fribourg pour les retraites de la fonction publique; grève et mobilisations des travailleurs de plateformes numériques Uber et Smood ; etc. J’ai aussi assisté des délégations syndicales pour des négociations de CCT.

J’ai siégé au Grand Conseil genevois de 2009 à 2019, année au cours de laquelle j’ai été élu au Conseil national – où je siège encore aujourd’hui. Pour moi, ces mandats parlementaires sont complémentaires à l’action syndicale ou des locataires. A Genève, j’ai ainsi été à l’initiative de la loi qui a permis la réintégration des salarié.es du secteur public en cas de licenciement infondé, et de celle qui a permis de réinternaliser le convoyage des détenu.es qui avait été privatisé (Securitas). Concernant les retraites, j’ai corédigé la loi acceptée en votation populaire pour les assuré.es à la Caisse de pension de l’Etat (CPEG). Nous avons pu gagner cette bataille grâce à l’ASLOCA et aux syndicats. L’alliance entre l’ASLOCA et les syndicats a permis de maintenir le niveau des rentes et de conserver en main publique des terrains, pour y construire des milliers de logements. Au Conseil national, en sus des retraites, j’ai notamment mené le débat sur les licenciements collectifs, l’impossibilité d’accéder à la justice pour les salarié.es en raison des coûts trop élevés, les sanctions à l’encontre des chômeur.euses, la nécessité d’imposer aux plateformes numériques de travail (Uber, Smood, etc.) le cadre minimal du droit du travail; et, surtout pour que la liberté syndicale, la protection des délégué.es et le droit de grève deviennent effectifs.